Louis Marie LE COQ est né le 04.09.1860 à Mûr de Bretagne.
Son père est carrier et sa mère ménagère. Celui-ci décède en 1867, laissant sa femme et leurs 7 enfants dans une extrême pauvreté.
Louis fréquente l’école durant 1 an. Pendant qu’il apprend à lire seul dans un abécédaire, il garde les vaches.
On le retrouve couvreur en 1881. Date à laquelle il est envoyé sous les drapeaux au 117è RI, en tant que soldat de 2è classe. On apprend qu’il mesure 1m65, il a les cheveux et les sourcils châtains, les yeux roux, le front couvert, le nez petit, la bouche moyenne et le menton rond. Il est tambour en 1882, caporal tambour en 1884. Puis affecté au 62è RI à Lorient. Il reçoit un certificat de bonne conduite. De 1889 à 1894, il est affecté comme ouvrier aux travaux hydrauliques du port de Lorient. Il accomplit une période d’exercices dans le 88è Régiment Territorial d’Infanterie en 1896, puis passe dans la réserve de l’armée territoriale en 1900. Il est libéré du service militaire en 1906.
À 28 ans, en sortant de sa période militaire, Louis LE COQ explique que le seul bien qu’il entend jalousement conserver en ce monde est la « liberté ». Il veut rester son propre maître.
Malgré son manque de culture et grâce à son courage, sa vivacité d’esprit et ses dons exceptionnels, il installe sa boutique d’horlogerie, rue Carnot, de 1888 à 1924, soit pendant 36 ans !
C’est sa femme Marguerite RIMBAUD qui s’occupe de la vente et des comptes. Ils se marient à Lorient en 1896 et reconnaissent par la même occasion, leurs deux fils :
Jules Victor, né en 1890 et décédé en 1910, coiffeur à Lorient, célibataire.
Marcel Francis né en 1894 et décédé en 1956, mécanicien à Montreuil sous Bois, célibataire.
Sa mère, Jeanne HERVO, qu’il avait recueilli chez lui, rue Carnot, décède en 1897.
Intéressé par la technologie nouvelle, Louis Marie LE COQ achète en 1892 à Paris, un appareil à pavillon pour 450 Frs. Il remplace des pièces de verre défaillantes par des rondelles de mica. Il écrit à la maison Pathé frères à Paris pour faire part de sa découverte. Huit jours plus tard, il reçoit une réponse enthousiaste, le félicitant vivement. Pathé appliquera ce système à toute sa fabrication. En reconnaissance, la Société gravera un coq sur tous des diaphragmes nouveaux afin de perpétuer le souvenir de sa trouvaille.
En 1896, le coq apparaît sur le logo de Pathé !
Plus tard, les disques et films Pathé prospèrent et le coq conquiert le monde !
Mais Louis LE COQ n’a jamais rien touché pour cette découverte… juste une reconnaissance éternelle !
En 1909, l’Office National de la Propriété Industrielle lui délivre un brevet d’invention pour la création d’un « laminoir servant à agrandir les bagues et alliances ». Il livre des appareils aux grands horlogers de Lorient, Nantes, Le Havre… Puis son fabricant lui demande de l’argent pour la réfection d’outillage. En 1912, pour conserver son droit de brevet, il doit payer 100 Frs/an. Il ne peut pas assumer ces charges financières et sa découverte tombe dans le domaine public. Les laminoirs sont rachetés par la firme Venot frères. Louis LE COQ est ruiné !
Le permis de conduire lui est délivré en 1906. Il loue une Ford d’occasion en 1911 et devient le 1er taxi lorientais, rue du Morbihan, lieu de sa station. Il conduit le soir après son travail d’artisan horloger. Le nombre de clients s’accroît rapidement, mais il subit la concurrence. Il vend la voiture en 1921.
En janvier 1922, le brevet d’invention relatif à une nouvelle méthode « d’utilisation pratique et économique de la houille bleue » lui est décerné. Cela concerne l’énergie électrique provenant des marées.
Suite à l’obtention de ces brevets, des ingénieurs parisiens entrent en relation avec lui. Ils prennent connaissance de ses dossiers, maquettes puis déclarent que cela ne les intéressent pas. Mais ils s’empressent de s’inspirer de ses projets pour en créer d’autres…
En mars 1922, l’Office National de la Propriété Industrielle lui délivre un brevet pour « perfectionnement dans l’art de construire à bon marché ». Il invente le procédé « Terre armée » et entreprend de construire cinq maisonnettes avec des briquettes composées d’agglomérés de terre, foin, paille et gravillons. Une au port de pêche, une à St Mathurin (Ploemeur), trois à Keryado. L’entrepreneur qu’il contacte lui déconseille d’aller plus loin de peur que les clients se multiplient et que les prix dégringolent. « Le métier sera foutu ! ». Nouvelle déconvenue pour Louis LE COQ…
Puis, sa femme originaire d’Hennebont, décède en 1923 à Lorient. Elle sera enterrée au cimetière de Carnel, dans une concession de 5 ans (pour la somme de 20 Frs), qui ne sera pas renouvelée.
Atteint d’artério-sclérose dans les mains en 1924, il vend son fonds d’horlogerie et devient peintre, aquarelliste. À l’Exposition Internationale de Londres, la même année, il vend toutes ses toiles et obtient une médaille d’or grâce à une marine de Groix. Puis il se met à la peinture à l’huile qu’il expose sur les plages à Quiberon, Larmor, La Baule… mais il n’en vit pas.
Il décide de se lancer dans la gravure en combinant un procédé nouveau pour fabriquer des plaques d’identité ou de réclame.
Au crépuscule de sa vie, il n’a qu’un but : revoir son fils Marcel Francis ! En 1939, il envisage de relier Paris à bicyclette en passant par son pays natal, malgré son âge avancé.
Son vœu ne se réalisera pas. Il décède en 1940 à Keryado, dans une petite maisonnette qu’il avait construite et qui est toujours visible aujourd’hui.
Cet homme, que le monde entier connaît à travers la représentation de son nom, sortira-t-il enfin de l’oubli qu’il ne mérite pas ?
Florence VIARD
Sources :
Crédit photos : Benoît Jarry & Florence Viard
AD56 – Le Nouvelliste du Morbihan du 25.02.1939
– Registres matricules
Archives municipales de Lorient – État civil de Lorient & Keryado
– Concessions de cimetières
AD22 – État civil
AD93 – État civil